dimanche 21 juillet 2013

Sevrage anonyme

C'était l'été, j'avais arrêté ma voiture dans un chemin en contrebas de la route, là où coule un torrent joyeux. Accroupi, j'ai pris le temps de passer de l'eau sur mon visage. Depuis le réveil, j'avais soif de toi.
J'entendais bien les chants des oiseaux mais ils ne me répondaient ni ne m'appelaient. N'ayant pas achevé ma nuit, je m'assis puis m'endormis sur un tapis de mousse, adossé à un arbre.

Vers midi, une jeune paysanne aux cheveux blonds, qui passait, me réveilla. Elle me fit un sourire moqueur et comme elle était penchée, j'aperçus la blancheur de sa peau dans l’ouverture de son corsage. Elle avait des yeux ivoires, aux iris bleu de cobalt qui brillaient sans effort. Nous commençâmes par échanger quelques phrases qui, curieusement, portaient sur la corruption des villes et la présence invisible d'une sorte de magicien noir qui tenait la civilisation en bride.

Elle semblait avoir deviné que tu existais et que j'étais en souffrance de toi, puisqu'elle me fit des compliments infidèles sur ma tenue et mon âge. Elle insista sur la plus belle chose, selon elle, qu'une femme puisse espérer : l’accueil des bras d'un homme.

Je l'écoutais sans peine et commençais à respirer, oubliant la charge de ton éloignement qui jusque-là m'oppressait. Je ne remarquais rien, pas même que je lui tenais la main pour la guider. Nous sommes sorti de l'encaissement où serpentait le torrent.
Elle riait à présent.
Le ciel bleu s'élargit sous nos pas.

Nous avons marché tout l'après-midi dans les herbes hautes des prairies, toujours face au vent, qu'elle semblait orienter de la pointe de  son menton. Sa chemise finissait par découvrir ses épaules. Nous n'étions plus très loin de son logis.

Le soir était déjà oublié, lorsque nous nous retrouvâmes enlacés sans voix. Elle rompit alors :
"Ce que tu es en sentiment et en action, tu l'es lorsque tes pensées ne sont plus occupées par ce sentiment. Lorsque tu sens ce sentiment t'envahir, il demande que tu glisses en lui. Si tu restes au bord du précipice, toutes tes actions qui s'enchaîneront demeureront fausses."

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